Une "gauche" dévoyée
(Ljevica iskliznula iz tračnica)
Jedan od najmoćnijih ljudi svijeta, direktor najveće financijske institucije na planeti, seksualno je napao pripadnicu najranjivije socijalne grupe, poniznu afričku imigranticu. U svojoj sirovoj konciznosti, ova slika sumira svu ekspresivnu snagu središnje karakteristike našeg doba: nasilje nejednakosti.
L’un des hommes les plus puissants du monde (chef de la plus importante institution financière de la planète) agresse sexuellement l’une des personnes les plus vulnérables du monde (immigrée africaine, mère célibataire). Réduite à sa concision, cette image résume, avec la force expressive d’un dessin de presse, quelques caractéristiques fortes de notre temps : la violence extrême des inégalités, l’arrogance sans limites des puissants, la chosification des femmes, le mépris des exploités.
Ono što čini slučaj Dominique Strauss-Khana, bivšeg direktora Međunarodnog monetarnog fonda i lidera desnog krila Francuske socijalističke partije, još više patetičnim je činjenica da će njegov pad – ukoliko se optužbe pokažu točnim – biti metafora tekućeg moralnog raspleta francuske ljevice.
Cijela je situacija razbjesnila mnoge lijeve birače u Europi, koji su već trostruko iskazali svoju odbojnost, kao što smo vidjeli na lokalnim i regionalnim izborima 22. svibnja: radikalnim apsentizmom, glasanjem za desnicu i vrlo živim uličnim prosvjedima.
Ce qui rend plus pathétique le cas de l’ex directeur général du
Fonds monétaire international (FMI) et leader de l’aile droite du parti
socialiste français, Dominique Strauss-Kahn, c’est que - si sa
culpabilité est avérée -, son avanie constituerait une métaphore
exemplaire de l’effondrement moral de la social-démocratie. Avec les circonstances aggravantes qu’elle révèle de surcroît les carences d’un
système médiatique complice. Cette affaire écœure en effet de nombreux électeurs européens de gauche
de plus en plus décidés - comme l’ont montré, en Espagne, les
élections municipales et régionales du 22 mai dernier - à adopter trois
formes de refus du système politique dominant : l’abstentionnisme
radical ("tous pourris"), le vote à l’extrême droite (comme
forme de contestation), ou la protestation indignée dans les places des
villes (pour réclamer une "autre politique").
Naravno, bivši šef MMF-a i bivši kandidat Francuske socijalističke partije za predsjedničke izbore 2012.g., optužen za seksualni napad i pokušaj silovanja čistačice u njujorškom hotelu 14. svibnja, uživa pretpostavku nevinosti sve do okončanja sudskog postupka. Ono što je najsramotnije je stav kojega su pokazali lideri francuskih socijalista i mnogi “lijevi” intelektualci – prijatelji optuženoga – koji su svojim izjavama požurili stati u bezuvjetnu obranu Strauss-Khana, portretirajući ga kao pravu žrtvu, uz aluzije na “urote” i “makinacije”.
Bien entendu, l’ex chef du FMI et ex candidat socialiste à l’élection
présidentielle française de 2012, accusé d’agression sexuelle et de
tentative de viol par une femme de chambre d’un hôtel de New York le 14
mai dernier, bénéficie de la présomption d’innocence jusqu’à ce que la
justice américaine tranche. Mais la précipitation dont firent preuve,
en France, des dirigeants socialistes et quelques "intellectuels" amis
de l’accusé, en saturant caméras et micros complaisants de
proclamations inconditionnelles de défense de Strauss-Kahn, répétant en
chœur des "éléments de langage" dictés par des communicants ("cela ne lui ressemble pas"),
présentant l’ex chef du FMI comme la victime principale et suggérant
"complots" et "machinations", a été réellement révoltante.
Niti jedna riječ solidarnosti ili suosjećanja nije upućena navodnoj žrtvi. Neki, kao bivši ministar kulture, Jack Lang, mačističkim su gestama omalovažili ozbiljnost situacije, “jer na koncu nitko nije umro.” Drugi, zaboravljajući čak i značenje riječi “pravda”, otišli su tako daleko da su zatražili određene privilegije i nakloni postupak prema svom moćnom prijatelju zato što – kako argumentiraju – “on nije još jedan od običnih kriminalaca”.
Pas un mot de solidarité ou de compassion à l’égard de la victime
présumée. Certains, comme l’ex ministre socialiste de la Culture, Jack
Lang, en un réflexe machiste, allèrent jusqu’à minimiser la gravité des
faits présumés en affirmant que, après tout, il n’y avait pas eu mort
d’homme [1]... D’autres,
oubliant le sens même du mot justice, n’hésitèrent pas à réclamer des
privilèges et un traitement plus favorable pour leur puissant ami,
lequel, d’après eux, n’était pas d’un accusé "comme les autres" [2]...
Takva drskost stvara dojam da francuska politička elita jednostavno
zbija redove oko svojih članova, bez obzira na optužbe, načinom koji
više priliči mafiji.
Tant d’impudence a donné l’impression que, au sein des élites
françaises, quelle que soit la nature du crime dont on accuse l’un de
ses membres, le collectif réagit en faisant preuve d’une solidarité
coalisée qui ressemble à une complicité mafieuse [3]. Rétrospectivement, maintenant que d’autres accusations de harcèlement sexuel resurgissent du passé [4]
contre Strauss-Kahn, beaucoup de citoyens se demandent pourquoi les
médias leur ont occulté ce trait de la personnalité de l’ex chef du
FMI [5].
Pour quelles raisons, les journalistes, qui n’ignoraient pas les
protestations d’autres victimes de harcèlement sexuel, n’ont jamais
fait d’enquêtes sur ce sujet concernant Strauss-Kahn ? Pourquoi avoir
maintenu les électeurs dans l’ignorance et leur avoir présenté ce
dirigeant comme ’"la grand espoir de la gauche" quand il était évident que son Talon d’Achille pouvait, à n’importe quel instant, briser sa carrière.
Depuis des années, dans le but de gagner l’élection présidentielle,
Dominique Strauss-Kahn avait embauché à prix d’or des brigades de choc
de conseillers en communication. Leur mission principale : veiller à
empêcher les médias, sous la menace de procès, de faire état, non
seulement de ses pulsions à l’égard des femmes, mais de l’autre grande
faiblesse de ce dirigeant "socialiste" : son goût immodéré du luxe et
de la richesse. Il fallait éviter d’inopportunes comparaisons avec la
vie difficile de millions de citoyens jetés dans l’enfer social en
partie à cause des politiques du FMI.
Maske su sada pale. Cinizam i licemjerje pokazuju se u svoj svojoj grubosti.
Maintenant les masques tombent. Le cynisme et l’hypocrisie apparaissent dans leur nudité. Et même si le comportement personnel d’un homme ne doit pas conduire à préjuger de la conduite morale de sa famille politique, il est évident que cette affaire relance la question de la décadence de la social-démocratie. D’autant plus qu’elle vient s’ajouter au nombreux cas, en son sein, dans l’ensemble de l’Europe, de corruption économique. Et même de dégénération politique : n’avons-nous pas appris récemment que les anciens dictateurs Ben Ali de Tunisie et Moubarak d’Egypte étaient des membres éminents de l’Internationale socialiste ?
Masovni preokret ka ekonomiji slobodnog tržišta i neoliberalnoj globalizaciji, odricanje država od skrbi nad javnim sektorom, novi savezi sa kapitalom i bankama, odrekli su socijalistima njihova najvažnija obilježja. Svakoga dana ljudi sve teže uočavaju razliku između politika “lijevih” i “desnih” s obzirom da se i jedni i drugi klanjaju financijskim šefovima svijeta. Možda je to bio briljantni potez od strane ovih zadnjih, postaviti “socijalistu” na čelo MMF-a kako bi nametnuo drakonske neoliberalne strukturne prilagodbe svojim “socijalističkim” kolegama u Grčkoj, Portugalu i Španjolskoj.
La conversion massive au marché, au libre-échange et à la globalisation
économique, l’abandon de la défense de l’Etat-providence et du secteur
public, la nouvelle alliance avec le capital financier et la banque...
Toutes ces trahisons ont peu à peu dépouillé la social-démocratie de
ses principaux signes d’identité. Les citoyens distinguent de plus en
plus mal la politique de la droite de celle proposé par les partis
socialistes. Les deux répondent aux exigences essentielles des maîtres
financiers du monde. L’ironie suprême a été de voir comment, à la tête
du FMI, un "socialiste" a imposé à ses propres amis "socialistes" et à
leurs électeurs de Grèce, du Portugal et de l’Espagne, d’implacables
plans néolibéraux d’ajustement structurel.
Od tuda potiče eksplozija nezadovoljstva i bijesa kao i odbacivanje lažnog izbora između te dvije platforme, koje su u stvari samo blizanci. Od tuda počinje i kraj pasivnosti i indiferentnosti, kao i središnji zahtjev ljudi sa trgova i ulica: “Ljudi žele kraj (neoliberalnog) sustava.”
D’où l’amertume générale de tant d’électeurs de gauche. Leur nausée. Leur indignation. Leur refus de la fausse alternative électorale entre deux principaux programmes, en vérité et sur l’essentiel, jumeaux. Leur recherche d’une "autre gauche" (Die Linke, en Allemagne ; Le Front de gauche, en France ; Izquierda Unida, en Espagne, etc.). D’où aussi, dans tant de villes d’Europe aujourd’hui, les protestations indignées des générations de jeunes sacrifiés sur l’autel des politiques d’austérité. Et leur exigence principale : "Le peuple veut la fin du système."
Notes :
[1] Déclarations au Journal télévisé de 20h de France 2 , 17 mai 2011.
[2] Cf. Bernard-Henri Lévy, "Défense de Dominique Strauss-Kahn", et Robert Badinter, ex ministre socialiste de la Justice, déclarations à France Inter, 17 mai 2011.
[3]
Ce collectif a déjà démontré sa redoutable efficacité médiatique en
2009 lorsqu’il réussit à mobiliser l’opinion publique française en
faveur du (génial) cinéaste franco-polonais Roman Polanski, accusé par
la justice américaine d’avoir drogué et sodomisé une petite fille de 13
ans.
[4] En particulier celle formulée par l’écrivain et journaliste Tristane Banon. Cf. "Tristane Banon, DSK et AgoraVox : retour sur une omertà médiatique", AgoraVox, 18 mai 2011.
[5]
Au sein même du FMI, Dominique Strauss-Kahn avait déjà fait l’objet
d’un scandale en raison de ses relations sexuelles avec une
subordonnée, l’économiste hongroise Piroska Nagy.
Izvor : https://lijeviblog.wordpress.com/2011/07/13/ljevica-iskliznula-iz-tracnica/